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À la conquête de Jessica Rabbit | bungakawa2011 | 3

 

Son étonnante absence d'érection devant Jessica laissa Roger perplexe et honteux, et il passa bien près de ne pas se présenter au rendez-vous inattendu qu'elle lui avait fixé. Mais, après avoir longuement débattu avec lui-même, il conclut qu'il n'avait plus rien à perdre.

Toontown, étant peuplé exclusivement de toons, était une ville particulièrement – certains diraient ridiculement – animée, et le coin de Principale et Dynamite Square en était une intersection très passante les jours de beau temps. Heureusement, la silhouette de Jessica ne pouvait pas passer inaperçue, et il repéra de loin ses aguichantes rondeurs. Pourtant, elle tentait bien de se faire discrète, avec toute la subtilité habituelle des toons : la sulfureuse rouquine avait troqué son affriolante robe de spectacle pour un long imperméable brun, boutonné jusqu'au cou, dont elle gardait le col relevé et qui la recouvrait entièrement jusqu'aux chevilles. Mais à la hauteur de sa poitrine, le tissu était tendu à éclater sur ses énormes protubérances femelles, et le bouton qui retenait le vêtement en place à cet endroit n'accomplissait rien de moins qu'un miracle en résistant à la pression qui menaçait de le faire sauter. Son déguisement était complété par un chapeau brun à larges bords qui gardait son visage dans l'ombre, visage lui-même caché derrière une paire de lunettes fumées démesurément grandes. Seule sa chevelure de feu qui coulait dans son dos n'était pas camouflée. Elle se tenait debout, immobile, les mains dans les poches, un peu en retrait de la foule dans une étroite ruelle.

Le cœur de Roger bondit deux ou trois fois hors de sa poitrine avant qu'il ne reprenne le contrôle de ses émotions et, saisissant aussitôt le désir d'anonymat de Jessica, il s'empara d'un journal qu'il ouvrit grand – mais à l'envers – devant lui. Puis, à petits pas, il se rapprocha subrepticement de la femelle qu'il l'attendait, manquant au passage de se faire écraser par un tramway, deux livreurs de piano et un hippopotame à l'air patibulaire, trois périls dont il n'eut absolument pas conscience.

Enfin, il rejoignit la très discrète rouquine. Roger se plaça à ses côtés. Tenant toujours son journal devant lui afin de masquer aux passants la direction de son regard, il dévorait des yeux les deux généreuses promesses de délices de Jessica dont le rude imperméable épousait étroitement la forme. Une longue minute s'écoula ainsi, pendant laquelle la sulfureuse chanteuse ne sembla même pas remarquer la présence du lapin qui la déshabillait du regard. Soudain, la voix de Jessica s'éleva, juste assez forte pour être entendue de Roger seul : « Pourquoi ne m'aimez-vous pas, monsieur Rabbit? »

Cette cruelle question arracha aussitôt Roger à sa contemplation. « Quoi?! s'exclama-t-il, incrédule. Mais, mais je vous... je vous aime. Je vous adore! »
Jessica soupira.
« N'essayez pas de me faire rire, monsieur Rabbit, répondit-elle en tournant la tête vers le lapin éploré. Beaucoup de mâles croient me prouver leur amour en me montrant leur sexe, monsieur Rabbit. Et toutes ces verges, toutes, sans exception, peu importe leur taille, leur forme et leur couleur, sont dures comme le roc. Mais vous... vous, monsieur Rabbit... vous étiez mou. »
Cette dernière phrase avait été dite sur un ton si indéfinissable que Roger fut incapable de déterminer si Jessica lui adressait ou non un reproche. Dans le doute, il ne fit aucune réponse, se contenant d'attendre la suite en ouvrant de grands yeux suppliants.

 

Qui mettra fin à ce malaise?

 
 
 

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